POUR UNE CONVERSATION NATIONALE
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Revetant une telle importance pour le ministre, il aurait ete naturel que ce dernier retourne toutes les pierres et cherche a mobiliser la societe civile comme jamais auparavant. Or, nous assistons depuis le debut des consultations a un exercice qui nous a semble, a defaut d etre exhaustif, plutot rapide. Devant ce sentiment de precipitation, nous avons d ailleurs souligne le 11 mai dernier a l Assemblee nationale l absence de plusieurs groupes lors des consultations, dont certains d entre nous. Au lieu que notre systeme soit reforme par quelques personnes haut placees, nous aurions apprecie une revolution collective qui soit portee par la base, plutot qu emanant des officines gouvernementales.
Mais tout n est pas joue. Le projet de loi n est pas encore final. Nous avons donc decide de nous retrousser les manches et de poursuivre nos demarches afin de demontrer au ministre Dube qu on peut trouver des idees nouvelles et forger des consensus autour de trois enjeux cruciaux pour l avenir la decentralisation du systeme, la gouvernance et la participation citoyenne. C est pourquoi le 29 mai dernier, a Montreal, nous avons tenu notre rendez-vous Pour un vrai changement. Lors de cet exercice, quelque 26 experts et representants d organismes gravitant autour du systeme de sante et de services sociaux ont echange autour de ces trois enjeux relies directement a la reforme lancee par le projet de loi 15, sous l oreille attentive de 150 observateurs en presentiel ou en ligne.
Les constats sont d abord que des discussions fructueuses peuvent encore donner naissance a des solutions innovantes au Quebec.
Lensemble des participants a demontre que l intelligence collective peut etre aussi utile pour l avenir de notre systeme de sante et de services sociaux que l experience en gestion.
Ensuite, les participants se sont entendus sur le fait que si le gouvernement va dans la bonne direction sur un aspect, c est bien sur la necessite de reformer le systeme. Toutefois, la route actuellement empruntee ne semble pas repondre aux preoccupations des experts. Nous sommes d accord sur le fait que des donnees fiables et des indicateurs pertinents doivent guider certaines decisions. Ils doivent aussi porter sur l evaluation de l amelioration de la sante de la population. Par contre, il faudra aller plus loin sur les manieres de reinventer la premiere ligne, de consacrer le maintien a domicile en tant que mission a part entiere, d operer un changement de culture, d inclure des mecanismes de gestion du changement et d operationnaliser une veritable gestion de proximite, y compris une gouvernance locale par et pour les usagers.
ENSEMBLE
Comment peut on atteindre cet idéal Un seul moyen ensemble. Si le rendez vous du 29 mai a demontre quelque chose, c est bien la necessite de sortir du modele actuel des consultations ad hoc organisees souvent dans des delais tres courts, ne permettant pas a tous et chacun d exprimer son point de vue et de comprendre la realite des autres. Et le gouvernement est inclus dans cette analyse. Il est plus que jamais necessaire d avoir une conversation nationale en continu a propos de l evolution de notre systeme de sante et de services sociaux.
La session parlementaire tire a sa fin et l etude detaillee du projet de loi 15 se poursuivra vraisemblablement a l automne.
Notre position est avant tout une posture d ouverture, mais nous n acceptons pas le constat selon lequel les consultations ont ete suffisantes jusqu a maintenant pour que le ministre et quelques hauts fonctionnaires influents tranchent.
Nous avons deja joue trop souvent dans ce film.
Il est important de rappeler que le systeme de sante et de services sociaux est une assurance collective que les Quebecoises et les Quebecois se sont donnee pour assurer un acces en fonction de leurs besoins. Cette fois ci le gouvernement a une responsabilite plus grande que jamais, et nous aussi. Nous allons poursuivre la mobilisation et continuer a proposer des ameliorations concretes a cette importante reforme de notre plus important actif collectif : notre systeme de sante et de services sociaux.
 Cosignataires : Pierre Lynch, president de l Association quebecoise de defense des droits des personnes retraitees et preretraitees Pierre Hamel, president du Regroupement provincial des comites des usagers ; Dr Felix Le Phat Ho, pour le Regroupement quebecois des medecins pour la decentralisation du systeme de sante