Medecins : le Quebec en attire autant qu il en perd
Depuis l adoption par baillon du projet de loi 2, le 25 octobre, de nombreux medecins quebecois ont exprime publiquement leur intention de pratiquer a l exterieur de la province, de partir a la retraite, de changer de pratique ou de faire le saut au prive.
Lors du rassemblement de milliers de medecins au Centre Bell a Montreal, dimanche dernier, le president de la FMOQ, le Dr Marc Andre Amyot, a soutenu que 550 medecins ont annonce qu ils quittaient le Quebec.
Imposer cette loi, comme ils le font actuellement, ca va amener des catastrophes, des derives, et elles ont deja commence, ces catastrophes la, a-t-il affirme.
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On compte 22 000 medecins au Quebec, presque autant de medecins de famille que de specialistes.
Le traitement de ces demandes est en cours et certaines pourraient etre retirees ou annulees. Par consequent, ce nombre ne reflete pas necessairement le nombre de medecins qui obtiendront finalement un certificat d inscription, precisait on par courriel. Plus de la moitie des demandes provenaient de medecins de famille.
Il faut dire que le coup d eclat publicitaire du premier ministre de l Ontario, Doug Ford, qui a offert son propre numero de telephone aux medecins quebecois mecontents interesses a demenager, en a fait reflechir plusieurs.
Le Nouveau-Brunswick s est egalement invite dans la danse. En entrevue a Tout un matin le 29 octobre, la PDG du Reseau de sante Vitalite, la Dre France Desrosiers, a confirme avoir recu une centaine de demandes de medecins quebecois dans le dernier mois. Elle reconnaissait cependant quâ™un certain nombre de demandes d'informations provenaient en fait de Neo Brunswickois venus etudier et pratiquer au Quebec qui songeaient a retourner pratiquer dans leur province d origine. On garde un contact avec tous nos etudiants qui sont formes au Quebec pour s assurer de les rapatrier chez nous, disait-elle.
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Dans une communication publique du vendredi 31 octobre, le College des medecins du Quebec (CMQ) indiquait que pas moins de 125 medecins ont complete le processus et engage les frais pour obtenir le droit de pratique en Ontario aupres du College des medecins et chirurgiens de cette province. 200 autres ont entrepris des demarches en ce sens.
Cela dit, une etape prealable pour les medecins quebecois consiste a fournir a lâ™ordre professionnel ontarien ou neo-brunswickois un certificat de conduite professionnelle du College des medecins du Quebec (CMQ). Au College, on dit recevoir bon an mal an 2500 de ces demandes, parfois pour plusieurs provinces, que ce soit pour l Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan ou l Alberta, notamment.
Cette annee ne fait pas exception.
Le Quebec attractif
Mais lâ™attractivite ne marche pas seulement à sens unique. Le Quebec attire lui aussi.
Si la tendance se maintient, plus de 200 nouvelles autorisations de pratiquer auront ete delivrees en 2025 a des medecins ayant obtenu leur diplome ailleurs au Canada ou a l etranger, indiquent les donnees du CMQ. Possiblement le nombre le plus eleve depuis 10 ans.
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En moyenne, le College leur a delivre 18 permis par mois cette annee, de janvier a octobre.
Autre indice, le lieu d'exercice des medecins residents des facultes de medecine canadiennes 2 ans, 5 ans et 10 ans apres la fin de leurs etudes.
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Ainsi, si l on compare la migration nette entre le nombre de nouveaux diplomes en medecine ayant reçu une formation au Quebec et exercant dans une autre province deux ans apres la fin de leur formation et le nombre de nouveaux diplomes ayant recu une formation dans une autre province et exercant au Quebec deux ans apres la fin de leur formation, le Quebec a enregistre un gain net de 241 medecins sur sept ans (2016 a 2022), soit une moyenne de 34 medecins par an.
Sur un horizon de cinq ans apres leur diplomation, le Quebec a enregistre un gain net de 52 medecins sur sept ans (2013 a 2019), soit une moyenne de 8 medecins par an.
Lorsqu on fait le meme examen 10 ans apres l obtention de leur diplome, le Quebec affiche cette fois une perte nette de 154 medecins sur sept ans (2008 a 2014).
Ces statistiques de migration de RECP excluent les individus classes comme non localises.
Cette amelioration coincide notamment avec les gains salariaux obtenus par les medecins dans les annees 2010, qui les ont fait passer dans la moyenne canadienne.
