Analyse Reforme Dube : les Quebecois devront encore etre patients
On ne soupconne probablement pas encore toutes les ramifications qu aura la creation de Sante Quebec. Le projet de loi, adopte aux aurores samedi matin, a bien defraye la manchette a quelques reprises, mais beaucoup de Quebecois continuent de s interroger sur ce dont il s agit reellement, tellement le texte ratisse large.
Il est vrai que les reformes administratives censees remettre sur pied le reseau de la sante suscitent de plus en plus de scepticisme, nombre de patients doutant qu elles puissent reellement ameliorer leur sort. Gestionnaire de carriere ayant contribue a d importantes reorganisations au sein de l entreprise privee, le ministre de la Sante persiste a croire qu une refonte des modes de gestion et qu une meilleure reddition de comptes changeront la donne.
Christian Dube a choisi de miser gros sur son projet de loi, y consacrant plus de 200 heures de travaux parlementaires au cours des derniers mois. Le texte a maintenant ete adopte, mais sa mise en Åuvre ne fait que commencer. Il faudra etre patient avant d en voir les résultats.
Des changements aux structures de pouvoir
Le ministre Dube a souvent explique que son intention etait de separer les grandes orientations en matiere de sante, dont continuera d etre responsable son ministere, des operations quotidiennes, qui releveront de la nouvelle entite. Ce n est toutefois qu un des aspects du projet de loi, qui entrainera aussi d importants changements dans la maniere dont sont geres et administres les hopitaux.
La creation des CSSS en 2004 puis des CISSS et des CIUSSS en 2015 a certes entraine des fusions d etablissements et la creation d organigrammes toujours plus complexes, mais les structures de gouvernance elles memes sont demeurees sensiblement les memes.
Jusqu ici, chaque groupe professionnel a toujours exerce son pouvoir a travers des organes lui etant propres. Les medecins ont leur Conseil des medecins, dentistes et pharmaciens et leur directeur des services professionnels; les infirmieres ont leur Conseil des infirmieres et infirmiers et leur directeur des soins infirmiers. Et ainsi de suite pour les autres types de professionnels.
Chacun de ces groupes se voit en quelque sorte comme un contre pouvoir face au ministere et aux directions locales. La plupart disposent aussi, regle generale, d un siege reserve dans les conseils d administration des etablissements.
Dorenavant, la direction de Sante Quebec s appuiera essentiellement sur un Conseil interdisciplinaire d evaluation des trajectoires et de l organisation clinique
, cense concilier les interets divergents de chacun. On a aussi revu l attribution des sieges au conseil d administration et le processus de nomination de plusieurs dirigeants.
Pareilles transformations suscitent deja enormement de mefiance. Dans les memoires qu ils ont soumis apres le depot du projet de loi le printemps dernier, la plupart des regroupements de professionnels ont plaide pour obtenir un statut particulier leur permettant de continuer d avoir un acces direct a la haute direction. Plusieurs ont aussi reclame un siege reserve a leurs membres dans le futur conseil d administration de Sante Quebec.
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