Aux grands maux les grands remedes
J imagine ne pas etre la seule personne a avoir avale son cafe de travers en lisant les grandes lignes du rapport exploratoireâ 1,2 de l Institut national d excellence en sante et en services sociaux en matiere de prise en charge des patients.
Ce rapport mentionne notamment qu une redistribution des rendez vous en medecine familiale pourrait etre faite en fonction de l etat de sante des patients, une premiere au Canada. Autrement dit, les patients en bonne sante ne seraient plus necessairement inscrits aupres d un medecin de famille on prioriserait plutot ceux qui sont deja vulnerables et qui actuellement n ont pas acces a un medecin.
Le simple fait de penser a ce genre de remede est une illustration claire de la gravite de la crise de l acces aux soinsÂ
Heureusement, le ministre Dube a remis les pendules a l heure il y a quelques jours et a reitére qu aucun patient deja inscrit ne perdrait acces a son medecin de famille. Il n en demeure pas moins que la situation est critique.
Une crise previsible
Cela fait des annees que le gouvernement du Quebec, quel qu il soit, sait que la population est vieillissante et que cela occasionnerait necessairement une pression accrue sur le systeme de sante. L Institut national de sante publiqueâ indique qu en 2011, environ 1 personne sur 6 etait agee de 65 ans et plus et que si la tendance se maintient, ce sera le cas de 1 personne sur 4 en 2031. Or, plutot que de prevoir adequatement la planification des soins et des ressources en sante, les decideurs se sont successivement entetes a maintenir la formule un medecin de famille par patient, au detriment de modeles plus adaptes. Il y a pourtant bien longtemps que celui ci n est plus soutenable et l avenir n est guere reluisant.
De plus en plus, on observe les bienfaits de la pratique en equipe, l interdisciplinarite, dit on plus communement dans le domaine, ou l equipe de soins. Il s agit la d un modele innovant, qui preconise un acces au bon professionnel en temps opportun, et surtout, qui maintient l idee de suivi longitudinal.
Car telle est bien la vraie valeur ajoutee de la prise en charge des patients, peu importe leur etat de sante une relation de confiance qui s inscrit sur des annees.
Il est prouve que d etre suivi par la meme equipe contribue positivement a la sante, comparativement a un service a la carte, qui est bien sur mieux que rien, mais qui est loin d etre ideal.
Comme medecin de famille effectuant des gardes aux urgences, des gardes a l hopital, et ayant a charge plus de 1000 patients en GMF, pouvoir beneficier d une equipe de soins fonctionnelle, avec des ressources appropriees, ce serait une facon incroyable d ameliorer l acces aux soins pour mes patients, et d offrir une plus grande disponibilite a mes patients vulnerables. Cette interdisciplinarite doit etre mise en place avec le concours des medecins et ne doit pas servir d excuse pour restreindre la pratique du medecin.
Rompre avec le cynisme
Un systeme de sante accessible a tous et en tout temps est possible, il suffit de reconnaitre que le modele existant ne tient plus et d avoir le courage d implanter des solutions modernes et perennes. Ces solutions doivent rendre la medecine familiale plus attrayante, reduire le taux d epuisement professionnel chez nos medecins et ameliorer l acces aux soins pour les Quebecois. N oublions pas qu une premiere ligne forte demeure la pierre angulaire d un bon systeme de santeÂ
Il y a urgence dâ™agir, il est question de la confiance de la population dans lâ™un des fondements mêmes de notre société.